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Définition du marin I Patrick Wagnon I

Le marin est un animal à part, genre batracien, qui se complait dans un environnement le plus clos, le plus humide et le plus mobile possible. Plus les mouvements sont chaotiques et saccadés, plus la condensation est forte, plus les affaires sont mouillées, et plus il se sent à son aise. Je le soupçonne d'aimer la sensation de la mousse qui lui pousse sous les bras.

Il se dit libre, alors qu'il passe l'essentiel de son temps enfermé dans sa grotte de 10 m² et sa couchette de 1 m², où tout doit être rangé au mm. Pas de bazar sinon gare !
Il a un rythme de vie bien à lui. Toutes les 3 heures, chacun à son tour, le marin sort de sa tanière tout de plastique jaune (ou rouge pour les excentriques) vêtu, monte sur le toit qu'il appelle pont, pour tirer sur deux-trois cordes qu'il appelle bouts ou écoutes, et prendre sa dose d'eau de mer et de vent. Une fois son quart fini, il disparaît dans sa couchette. Aussitôt couché, aussitôt endormi, les gros mâles rythmant ces périodes de bruits sourds et réguliers que l'on ne doit pas qualifier de ronflements.

Le marin est un écolo. Il vit en harmonie avec la nature, parcourant les océans au gré du vent. Mais bon, quand celui-ci vient à manquer, un bon coup de moteur n'a jamais fait de mal à personne ! Si bien qu'une des préoccupations majeures du marin qui vient se perdre en Antarctique est de gérer son stock de gazoil. Le gazoil justement, parlons-en ! La grotte du marin en est imbibée laissant une odeur douceâtre flotter dans l'air vicié. A croire qu'après le traditionnel apéro, le gazoil est sa boisson favorite !

Le marin est schizophrène. Quand c'est l'escale, son comportement change du tout au tout. De serein et paisible en mer, il devient un autre lorsque le bateau est mouillé dans une crique. Pour certains, cela se manifeste par une frénésie de bricolage. Faut réparer tout ce qui bouge : poulies, bouts, voiles, charnières de portes, poêles, et moteurs n'ont qu'à bien se tenir. Tout y passe, si possible en râlant un bon coup, surtout quand il n'y a plus de carburateur à nettoyer ou de gazoil à inhaler. Heureusement pour les non-marins, d'autres se transforment en boulangers hors pair, cuisiniers, plongeurs, pâtissiers, chroniqueurs radio, météorologues, joueurs de tarot, guitaristes ou flutistes ce qui est nettement plus convivial.

Le marin ne sait pas vraiment où il va. Quand il dit " Cap au Sud ", bien  souvent, il met sa barre au  SE ou au SW, rarement au S. Heureusement, les alpinistes sont là pour donner un objectif au marin et un sens au voyage. Sinon, le marin, tel un pauvre hère, se laisserait porter par la mer, sans but, se nourrissant de souvenirs de voyages précédents où les mers sont chaudes, les poissons abondants, les brésiliennes offertes ou bien où les mers sont démontées, les voiles déchirées, et les coques retournées. Mais tout le monde sait que les bateaux ne se retournent jamais, et que les brésiliennes ne sont pas si faciles que cela !

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