NO MAN'S LAND PROJECT 2010

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Ça bouge ! I Mathieu Cortial I

Lundi 3 janvier, nous partons d'Ushuaia, équipage motivé et au complet pour Puerto Williams. Surement la plus petite étape de notre périple. Nous sommes ravis, à bord la navigation s'effectue à vue et le voyage au sein des canaux se déroule à merveille pour tout le monde.
Après notre étape chilienne, nous décidons de traverser le Drake qui relie la pointe sud de l'Amérique Latine à la pointe Nord de la Péninsule Antarctique.
Le Drake constitue une véritable épreuve du feu pour nous les alpinistes. Nous sommes bien sur prévenus des conditions que nous allons affronter, et de plus, nous avons l'habitude de faire face aux éléments de la nature, à une différence près : en voile, les éléments, ça bouge ! Et ça bouge même beaucoup trop pour Dod et moi qui essayons simplement de respecter, non pas les quarts, mais le tour de rôle à la cuvette des toilettes de la cabine avant.
Seul Patrick tient le coup. On pourrait croire qu'il puise sa force à avoir l'honneur de partager la cabine du capitaine, mais bien dissimulé sous son bonnet, il cache son arme secrète : un patch de Scopolamyn ou vulgairement appelé : "patch anti-vomi".
Coté marins, Tristan est malade, mais les 30 nœuds de vent de sud-est que l'on remonte au près secouent le bateau dans tous les sens. Ayant un peu pitié pour lui - car il fait ses quarts tout seul depuis deux jours et demi, de jours comme de nuit - je prends mon courage à deux mains, m'habille tant bien que mal et quitte mon lit trempé par le capot de la couchette qui dégouline droit dessus.
Mauvaise idée, Isa qui à l'œil partout et en permanence, arrive et me dit : "Mat tu reste au lit, c'est un ordre du capitaine!"
Ce à quoi je lui réponds : "Mais Tristan est malade lui aussi."
Elle me rétorqua : "Oui, mais lui, il a l'habitude!"
Effectivement, en jetant un coup d'œil dehors à la barre, j'aperçois Tristan vomir toutes ses tripes. Il me fait immédiatement un grand sourire, et sans un mot de plus, il comprit qu'il ne pouvait compter que sur lui-même. Il en était de même pour Kiddo qui partage sa cabine avec Dod. Kiddo a une particularité, en plus de raller bien sur, il effectue ses quarts tout seul, en empiétant volontiers sur ceux des autres, à croire qu'il n'est jamais fatigué. En plus il répare le moteur dans de la mer houleuse avec une odeur de gasoil à en faire pâlir les meilleurs marins.
Une fois n'est pas coutume, je conclurai avec Isa.
Isa doit avoir un ancêtre extra-terrestre, sûrement même de la planète Octopus. En plus de faire ses quarts, bien épaulée par Patrick, elle calcule l'itinéraire en permanence en anticipant bien évidemment sur les conditions météos rencontrées deux jours plus tard au point précis. Plus exceptionnel encore, elle demande au barreur de corriger son cap ou de border ses voiles de trois tours de winch, alors que l'instant d'avant, elle dormait paisiblement.
Elle prend même le temps de remplir un rôle d'infirmière pour soigner les deux morts-vivants de montagnards qui dorment à l'avant. En bref, personne n'en doutait à bord, mais nous bénéficions du meilleur captain qui soit dans toutes les mers du grand-Sud.
Voilà, quatre jours de navigation dans le Drake plus tard, nous arrivons sur une petite île nommée Déception. Cette ancienne base baleinière nous offre une magnifique crique dans laquelle nous pouvons nous détendre un peu, et réparer toutes les petites fuites motrices ou capot... Les choses sérieuses devraient bientôt commencer pour les alpinistes. Les sommets sont incroyablement beaux et nous espérons tous pouvoir bénéficier de bonnes conditions météos et nivologiques pour continuer notre aventure.

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